Manuel du Fétichisme à l’Usage du Gentleman, Part I

Le marquis vous offre une chronique life-style sur un sujet à la fois délicat et excitant: le fétichisme. J’ai passé plusieurs années dans les communautés virtuelles bondage et S.M. francophone est j’en garde un souvenir assez mitigé. La plupart des participants sont des hommes, souvent pathétiques, espérant pouvoir trouver une partenaire de jeu sur ces site. L’atmosphère est lourde, glauque, remplit de misère sexuelle, et les topics  «Où sont les femmes?» sont une constante.

Difficile de considérer ces lieux comme des endroits permettant aux jeunes hommes d’épanouir leur sexualité. Mais les choses changent et la communauté BDSM anglophone, elle, arrive à produire des individus fiers et épanouis. Pour cela je vous conseille sérieusement de regarder du côté des Tumblrs comme celui de thattroikidd.tumblr.com , un jeune anglais qui fabriqué lui même son donjon et  dont les photos sont plutôt cool.

Cette article est donc là pour combler un vide, apporter aux jeunes hommes (et femmes) des réponses, en cherchant un juste milieu entre la négation et la compulsion, le style et la perversion. Vous n’êtes pas un monstre à n’avez en aucun cas à vous faire soigner.  Des personnes comme le dessinateur Eric Stanton on eut une vie épanouie sans avoir besoin de renier leur attirance.

Cette article est donc là pour combler un vide, apporter aux jeunes hommes (et femmes) des réponses, en cherchant un juste milieu entre la négation et la compulsion, le style et la perversion. Vous n’êtes pas un monstre à n’avez en aucun cas à vous faire soigner.  Des personnes comme le dessinateur Eric Stanton on eut une vie épanouie sans avoir besoin de renier leur attirance.

Voici l’ambition de Manuel du Fétichisme à l’Usage du Gentleman. J’ai lister les étapes suivantes dans un ordre précis: Cultiver, Assumer, Séduire et finalement Expérimenter. Elles correspondent aux problématiques que j’ai rencontré dans ma vie de fétichiste et la manière dont j’ai (ou j’aurais voulu) les traiter.

Cultiver

La première étape consiste à se documenter et faire mûrir vos fantasmes. Il y a tant de resources pour cela: bande dessinées, hentaï, littérature érotique, mais aussi littérature médicale et psychiatrique. Vous pourrez ainsi vous divertir tout découvrant votre situation de fétichiste, aux travers l’histoire des pathologies, mais également celle des art. Car les gens n’ont pas attendu les années 2000 pour cultiver ces passions érotiques étranges et déraisonnables.

Pour ma part, j’ai découvert cette passion pour le bondage au travers les bande-dessinées Pin-up et Gwendoline. Je n’étais alors seul dans ma passion des jeunes femmes attachées et bâillonnées, mais l’héritier d’une lignée de passionnés qui avaient, au fil des décennies, transcender cet étrange vice en une forme d’art, où chaque lien, chaque reflet sur le cuir, chaque contrainte à son importance.

En terme de littérature je ne saurais que trop vous conseiller La Venus à la fourrure de Sacher-Masoch (le livre, pas le film ou la pièce de théâtre). Le livre n’est pas tant bandant, mais son personnage principal, Séverin, possède une philosophie bien particulière: le sensualisme, un courant philosophique du  XVIII qui décrit nos passions et idées comme les fruits de stimulus externes. Je n’avais jusqu’alors trouvé d’aussi juste description du fétichisme que dans les citations de Salvador Dali qui décrit certaines images comme brûlant ses yeux. Je ne pourrais retrouver la citation exact, mais je sais qu’elle existe. Pour en revenir à La Venus, le livre est un must-read pour un fétichisme, car il vient décrire le fétichiste comme un être humain passionné et cultivé, au prise avec la réalité des relations homme/femme, et d’ailleurs avec la réalité tout court. Ce livre m’a également conforter dans mon idée que la culture est une arme de séduction comme une autre. C’est un fait que l’on ignore complètement quand on est jeune, mais une connaissance approfondit de l’histoire, des religions païennes, des ouvrages de médecine légale (ou pré-psychanalyse) séduit autant qu’une paire de muscles.

Assumer

Assumer et saisir les occasions sera surement l’un des points les plus important de cette liste, et celui que j’ai pratiqué le plus tardivement (à 25 ans). Vos partenaires ne pourront jamais assumer votre fétichisme à votre place et encore moins le deviner. Je me souviens d’un été quand j’étais ados, j’avais rencontrées deux filles avec qui j’avais rapidement sympathisé, Daria et Marie. C’était une de ces amitiés d’un été, aussi intenses qu’éphémères. On discutait, riait, échangeait des CD et des joints. Daria était la cousine de Marie, elle était plus grande que moi, donc me porter sans problème. Elle adorait arracher les poils de mes cuisses, et me posait souvent des défis. Marie, sa cousine était une jeune gothique du sud, avec un penchant naissant pour le SM. Elle avait un côté bad girl / délinquante, à la fois séduisant et flippant. Elle avait manqué plusieurs fois de me crever un oeil en agitant ses bracelets garnis de pointes en métal trop près de ma figure. Je les adorais, et même si Daria était maqué et que Marie ne m’intéressait pas (belle mais compétement immature), il y avait une véritable alchimie en nous trois. Je me souviendrais toujours de cette phrase que m’avait glissé Daria en face de Marie, lors des derniers jours de notre séjour: « On devrait t’attacher avec du scotch, t’épiler, avant d’habiller en fille!» Je n’avais rien répondu sur le coup, mais Daria avait à cet instant marqué ma mémoire au fer rouge. Je regrette tellement de ne pas avoir répondu, de ne pas l’avoir encouragé, avoir sorti un «Arrêtes, tu m’excite!» ou un « Pourquoi pas? ». Elle n’aurait pas hésité à me questionner, à me percer à jour. Je ne peux qu’imaginer ce qui aurait pu se passer: Marie et Daria m’auraient fait venir dans leur appart, Daria m’aurait maîtrisé sans peine pendant que Marie m’aurait attaché, avant de me confisquer mes fringues, pour finalement m’imposer une série de tortures diverses et variées. Mais au lieu de cela, je suis resté pétrifié, laissant filer une belle opportunité d’échanger sur mes fantasmes de soumission avec une personne que j’appréciais.

J’ai également investit du temps et de l’énergie dans des partenaires qui ne me convenait pas et qui au contraire m’enfonçait dans la négation de mes fantasmes. Je suis toujours surpris du nombre de personnes sur les forums vivant dans cette situation, et Level +2 pour des personnes encourageant cette état de négation. Ayant fait ma scolarité dans une lycée Catholique, j’ai une certaine familiarité avec ce genre de personne: elles font de grands séminaires, expliquant que les gens peuvent être soignés, traînant toujours avec eux un garçon guérit miraculeusement de (la masturbation compulsive / l’homosexualité / la perversion / le Black métal, rayez les mentions inutiles) , qui s’est transformé en homme virile et marié au contact de dieu. Biensûr la plupart du temps cette guérison miraculeuse ne sont que des mensonges, enfermant les personnes qui  s’y accroche dans la compulsion et l’apitoiement.

Vos fantasmes et vos fétiches, aussi bizarre soient-ils, font partis de vous, gravé à jamais dans un inconscient qui vous dépasse. Pour accéder à une sexualité épanouie, vous devrez assumer vos fantasmes face des personnes de chairs et de sang, des personnes auxquelles vous tenez et qui vous challengeront peut-être. Mais cela fait parti de la vie et croyez moi, le jeu en vaut la chandelle. Soyez curieux, fier de votre différence et de la culture dont vous êtes le fruit, faites des expériences et vivez pleinement les choses qui vous font vibrer.

Vous n’êtes pas seul.

Voilà, c’était la première partie de mon manuel du fétichisme. J’espère qu’il vous a plu et surtout qu’il vous a aidé. N’ayant pas la vérité absolue je suis ouvert aux critiques et friand des expériences d’autres fétichistes, donc n’hésitez pas à commenter! La seconde partie abordera la séduction et l’expérimentation, mais je ne l’entamerais pas tout de suite, j’ai une excellente idée d’article sur le Cinéma de Quentin Tarantino nommée: Quentin Tarantino, le Dernier des Sensualistes.