La Liberté d’Expression en France

Bienvenue sur le site du Marquis pour un nouveau billet! Aujourd’hui, nous allons parler du grand absent de l’après Charlie Hebdo : la liberté d’expression. Les débats n’ont tourné que sur la religion, avant d’aboutir à une orgie des lois anti-racisme* qui auraient fait passer la rédaction de Charlie Hebdo directement devant un tribunal correctionnel.

http://www.gouvernement.fr/planantiracisme-eveiller-les-consciences-agir-ne-plus-rien-laisser-passer

Contrairement à de nombreux français, mes hobbies ne sont pas tout public : je suis attiré par les philosophies sataniques, le BDSM, les communautés anonymes et les guro hentaïs. Mes idoles sont Sade, Christopher Poole, Sherod DeGrippo, Marilyn Manson, Julian Assange. La liberté d’expression n’est pas pour moi un sac de jute anti-FN, mais un sujet qui me concerne directement, à chaque fois que j’écris, dessine, surfe sur Internet ou commande un bouquin sur Amazon.

Replaçons les choses dans leur contexte : le 11 Janvier 2015, deux énervés décident de refaire la peinture de la salle de rédaction de Charlie Hebdo, journal libertaire et moribond victime à la fois la crise de la presse papier, mais également de l’affaire des caricatures de Mahomet qui avait bien entamé son capital sympathie auprès de la Gauche. Bilan 17 morts, dont deux policiers. A partir de là, tout monde est devenu Charlie, sans se demander ce que ça voulait dire, en se baladant comme des zombies plein d’optimisme et de bonne intention, alors qu’une vision raisonnable ne pouvait envisager qu’une suite de catastrophes.

J’aurais pu être une des victimes : j’ai un comportement borderline et déteste les religieux, que je considère comme des vendeurs d’arrières mondes hypocrites. Je les exécre, eux et leurs haine de la raison, de la science, de la sexualité et de la culture. Ayant créé ma propre imageboard anonyme, j’avais pour habitude de re-poster avec d’autres anons toutes les saloperies que je trouvais sur l’internet : japonaise qui nettoie les chiottes avec la langue, macaque se foutant une branche d’arbre dans l’anus. Ma communauté était digne d’un épisode de South Park. Mais imaginons que j’ai posté un loli hentaï avec Mahomet? Non seulement des énervés auraient pu retrouver mon adresse IRL et me menacer, mais j’aurais également put me retrouver devant un juge, mis dans le même sac qu’un admin de site pédo-néo nazi et sans la moindre structure pour me défendre.

Pour m’être bien renseigné sur la question, je vais vous apprendre quelque chose : en France ,la Liberté d’expression n’a aucun fondement juridique. La constitution française garantie cette liberté, mais dans la mesure où elle n’enfreint aucune loi : vous pouvez parler, du moment que ça ne dérange personne. Ce point est important, car cette soi-disant liberté est souvent montée en épouvantail par les sympathisants de Gauche, traduisant par là une profonde méconnaissance des lois de notre pays.

L’un des principales délits qu’est susceptible de commettre un blogueur (et un journaliste, mais nous verrons plus loin qu’on ne peut les mettre dans le même catégorie) c’est celui du Délit de Presse. On peut le diviser en deux catégories : la provocation/incitation à la haine et la diffamation.

La provocation et incitation à la haine

L’incitation à la haine est l’un des rares délits d’opinion que l’on retrouve dans le Code Pénal français. Sa particularité est de ne pas se limiter à l’espace public (à partir 1976). Vient se greffer à cela la loi Gayssot (1991), condamnant la négation des crimes contre l’humanité. La grande polémique autour de cette loi porta sur le fait qu’elle instaurait une notion d’historiquement correcte, l’histoire étant souvent subjective. Nous nous retrouvons ainsi avec une loi asymétrique : on peut aisément deviner que tous les crimes de guerre ne se valent pas aux yeux des relations internationales et des calculs financiers. Les régimes communistes (le Stalinisme, le Maoïste) ne seront jamais inquiétés pour les massacres qu’ils ont perpétrés. La liste des actes non reconnus comme génocide à de quoi étonner : les crimes économiques et massacre de masse. La raison avancée est qu’ajouter ces deux catégories aurait, selon certains historiens, banalisé le terme génocide (“Trop de courrier” comme disait Stéphane Guillon en parlant de ses sketchs sur les handicapés). Il est également important de rappeler le fait que la loi Gayssot a été rédigée par un député du parti communiste, soucieux de mettre à l’abris ses idoles, Mao et Staline.

https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide#Contestations_et_d.C3.A9bat_sur_la_d.C3.A9finition

Nous nous retrouvons ainsi en 2015 avec un Dieudonné lourdement condamné pour avoir mis le nom de P. C#hen trop près du mot « Chambre à gaz», quand une personne invitant à jeter Michel Onfray au goulag a très peu de chance d’aboutir à un procès, les massacres commis à l’époque de l’URSS n’ayant jamais été reconnus.

Où commence le racisme et où finit la critique?

Il est important de rappeler que l’incitation à la haine raciale n’est pas postérieure à la Seconde guerre mondiale, mais figure bien dans la loi de la presse de 1881. La composante de discrimination religieuse inscrite dans cette loi parait aujourd’hui très (trop) vague, à une époque où la France connaît une nouvelle grande vague de prosélytisme religieux : un Catholicisme homophobe à laquelle la droite prête allégeance et un intégrisme Musulman que la gauche tente de cacher par une com’ outrancière*, tous les deux répondant à des problèmes religieux par plus de religion. Citer le Coran est-il ainsi une forme de racisme? Alors que circule sur Facebook des captures d’écran de la bienveillante sourate invitant à ne pas «  tuer l’humain car il est sacré » (VI , 151), oubliant le contexte de la citation, expliquant bien que la notion de meurtre ne s’applique pas pour les infidèles et autres fornicateurs. Mettons-nous d’accord : la majorité des musulmans sont des gens paisibles, ce que je critique ce sont les personnes (pour la plupart occidentaux et non-musulmans) agitant une citation tronquée d’un livre qu’ils n’ont jamais lu.

Michel Houellebecq (2010) et Christine Tasin (2013) se sont ainsi retrouvés devant la justice avec l’étrange qualificatif d’injure à l’Islam. N’ayant trouvé aucune documentation sur ce délit particulier (est-ce considérer comme du racisme ou juste comme une injure?), je me contente de déposer ça là, considérant ce délit comme une des limites fort contestables des lois anti-racisme françaises.

La diffamation

Si l’on peut facilement se passer de propos racistes, il en va autrement de la critique des personnes morales ou physiques peu reluisantes qui peuplent la société humaine. La diffamation est un délit courant dans la presse écrite et est tout aussi fréquente dans la jeune blogosphère.

L’affaire de l’Irrégulière est pour moi un parfait exemple de la problématique que pose la diffamation quand cette accusation frappe le citoyen lambda. Une bloggeuse avait posté un article critiquant une pizzéria du Cap ferret. L’article en question s’était ensuite retrouvé en 3éme ou 4éme position quand on tapait le nom du restaurant en question. La suite est banale : le restaurant porte plainte (sans même avoir demandé le retrait de l’article) et l’irrégulière est condamnée à plus de mille euros d’amende en référé (pour faire simple, en référé = à l’arrache). C’est un résumé de l’article suivant, que je vous invite à lire si vous souhaitez plus de détails sur l’ensemble de l’affaire :

http://www.maitre-eolas.fr/post/2014/07/30/Les-mots-%C3%A0-%C3%A9viter-au-Cap-Ferret

On serait tenté de comparer ce procès à celui qu’une entreprise ou qu’un homme politique peut intenter à un journal, mais il y a pour moi une différence de nature. Quand une entreprise, une structure puissante brassant de l’argent, accuse un journalisme de diffamation, elle s’adresse à un journal, une structure également financière, lourdement subventionnée par l’Etat et (cerise sur le gâteau) souvent tenue par de grands groupes financiers. Un monstre combattant un autre monstre. Or quand la pizzéria Mario Bros décide de traîner l’Irrégulière en justice, l’affaire, le procès était déjà gagné. Peu de personnes peuvent se permettre de sortir plusieurs milliers d’euros pour enchaîner les procès, et c’est la seule et unique raison pour laquelle les frères Mario ont gagné : si l’Irrégulière avait fait appel, elle aurait finit à un moment ou à un autre par avoir gain de cause, la plus grande instance judiciaire, la Cour Européenne des droits de l’Homme ** étant extrêmement attachée à la liberté d’expression et d’opinion.

** https://fr.wikipedia.org/wiki/Article_10_de_la_Convention_europ%C3%A9enne_des_droits_de_l%27homme

Les structures juridiques françaises sont peu adaptées pour la liberté d’expression des particuliers, quand elles sont au contraire très permissives pour les instances syndicales (droit de vandalisme qui a failli passé/impossibilité de service minimum) qui sont, on l’oubli trop souvent, comme les journalistes, l’extension d’une entreprise. Dans l’affaire de l’ouverture dominicale des magasins de bricolage, ce n’était pas le syndicat du dit magasin qui avait traîné le magasin en justice, mais ceux du magasin concurrent. En tant qu’individu lambda, déçu du service d’une entreprise vous avez donc le droit selon la constitution française de prévenir vos concitoyens, mais à vos risques et périls, quitte à y laisser quelques milliers d’euros au passage.

Le journalisme et les artistes produisent–ils de la liberté d’expression?

Je suis récemment tombé sur une BD, nommée La Présidente, racontant les 100 premiers jours de Marine Le Pen au pouvoir, et où, dans un élan de racisme anti–jeune, le pouvoir frontiste mettait les rappeurs La Fouine et Yousoupha en prison, démontrant ainsi le danger que représente le Front National pour la liberté d’expression. Si on considère La Fouine comme le dernier rempart de la liberté d’expression, la question est pliée : il ne me reste plus qu’à mettre un sac plastique sur la tête de notre démocratie et à l’enrouler bien soigneusement avec du gros scotch.

Bien sûr, si Marine Le Pen est élue, beaucoup de chanteurs (je parle de chanteur, pas de musiciens, la plupart n’écrivant pas leurs chansons et composent encore moins leur musique) vont se retrouver en délicatesse avec le pouvoir en place, et accessoirement ajouter une catastrophe auditive à la catastrophe électorale. En attendant, nous sommes dans le rapport de force inverse : c’est le fait de soutenir la droite (il n’y a ma connaissance aucun chanteur ou acteur osant afficher une adhérence avec le FN) qui risque de vous griller professionnellement, comme l’ont amèrement constatés Gérard Depardieu, Johnny Halliday et Doc Gynéco après s’être publiquement affichés avec Sarkozy.

Mais les artistes populaires, par défaut à Gauche, produisent-ils de la liberté d’expression? Ceux que nous écoutons ou regardons (consommons) sont pour la plupart le produit de multinationales, construit de A à Z par des conseillers en com’. Booba ne peut pas se permettre de poster un Tweet en faveur de la Palestine, il risquerait de perdre sont bel appartement de Los Angeles, où il croise d’ailleurs La Fouine à la salle de muscu ***. Les personnes libres de paroles n’ont pas leur tête affichée sur des 4 par 3 dans le métro, c’est un luxe que l’on ne peut pas se permettre quand on est la continuité de colossales sommes d’argent.

*** http://www.20min.ch/ro/entertainment/people/story/Booba-vs-La-Fouine–la-video-de-la-baston-a-Miami-11140613

Car c’est là tout le problème de la liberté d’expression que le Parti Socialiste nous vend pour barrer la route au FN: une illusion de liberté cachant aussi bien une serment d’allégeance et un étau, tous les deux financiers.

Un autre simulacre de liberté d’expression s’agite contre le Front National : il s’agit de l’art contemporain Français. Le plug anal de McCarthy, place Vendôme à Paris en avait été un magnifique exemple. Quand on exhibe une oeuvre d’art pareille, au moment où la ville de Paris vient de prélever la taxe d’habitation de ses habitants, le tout lourdement subventionné par les impôts en question, difficile de ne pas y voir un message. Je ne dis pas là que tout l’Art Contemporain est à jeter, je fait juste remarquer que quand une biennale d’Art massivement subventionnée par les impôts de la ville se tient, il serait peut-être judicieux de ne pas mettre les places à 25 euros et d’éviter de massacrer des lieux historiques avec des oeuvres vulgaires et couteuses imposées aux yeux de tous.

Internet, un outil incroyable pour le Citoyen

Pour moi, la liberté d’expression que nous vend la France en 2015 est une liberté fortement restreinte, et pas uniquement par les lois contre le racisme et pédophilie contrairement à ce qu’on a l’habitude de croire. Je suis pour une liberté d’expression absolue, inscrite dans la constitution  comme on la retrouve aux USA : elle seule peut garantir la parole de ses citoyens. C’est toute la puissance d’Internet et des plateformes comme Blogger, 4chan, DevientArt, Amazon ou Tumblr : permettre à des individus lambda que nous sommes de nous exprimer loin de ce cirque des subventions gouvernementales, sponsors privés et autres lobby, le tout protégé par le premier amendement de la constitution américaine, tels des méta-réfugiés politiques.

Voilà, cet article touche à sa fin, j’espère qu’il vous permettra de briller pendant les repas de fin d’année! Sachez que cette liste de lois n’est pas exhaustive. Il existe par exemple le délit d’outrage aux bonnes moeurs, une loi extrêmement vague, faite pour coller à l’air du temps : hier ,elle aurait condamné deux hommes qui s’embrassaient, dans 50 ans, elle servira peut-être à condamner ceux qui ose manger en public pendant le Ramadan. A noter que cette loi est étrangement proche de la loi anti-porn qu’avait pondu le gouvernement britannique en 2009, où une image pornographique pouvait être rendue illégale sur le simple fait d’avoir été jugée offensante par un jury. J’y insérerait également l’interdiction de boycotte, qui selon moi est également une entorse à la liberté d’expression.

J’aurais bien parlé de la pornographie (uniquement littéraire) mais les lois restent très ambigües et appliquées à la tête de l’auteur : on peut prendre l’exemple de Sade qui décrit ce qui pourrait s’apparenter à de la pédophilie dans ses romans, mais qui pourtant reste disponible en librairie.

Merci à mon adorable wife pour sa relecture.


Comments

3 responses to “La Liberté d’Expression en France”

  1. Le marquis marque un point. Je te rejoins sur la plupart de tes remarques. J’ai aussi l’impression, à la lecture de ce papier, que tu as été tenté de partir dans pas mal de directions… ça fait un peu “brut de décoffrage” au final. En attendant le prochain billet !

  2. Sinon c’est amusant, j’ai oublié de l’écrire dans mon premier commentaire, mais les déboires de Dieudonné, l’histoire du plug anal, le restaurant qui poursuit une blogueuse… j’en ai parlé à plusieurs reprises cette années avec mes étudiants japonais de haut niveau dans le cadre d’une réflexion sur la “liberté d’expression” (notez les guillemets !). Dans ce cas-là je les laisse se forger leur propre opinion au fil de la leçon… et on arrivait logiquement à des idées qui transpirent de ce billet.

    1. Heureux que tu es apprécié l’article!

      En effet il part un peu dans tous les sens. C’est une réflexion que je me suis moi-même faites. Après le sujet est tellement vaste, il y a tellement de sujets à aborder et développer, tellement de nuances… C’est un livre qu’il faudrait écrire, et bien que je souhaitais écrire cette article, je ne souhaitais y passer plusieurs mois: j’ai d’autre sujets comme le cinéma ou le bondage qui me tiennent plus à coeurs.

      Et puis il y a également les circonstances qui m’ont poussé à écrire cette article, la tuerie de Charlie Hebdo et pendant que je rédigeais cet article, une autre tuerie est venue endeuiller la France. Est venu s’ajouter à ça la campagne des réginonales. Un contexte chargé donc qui a contribué au coté chaotique de l’article.

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