Tarantino, le dernier des sensualistes

J’avais brièvement parlé de la doctrine sensualisme dans mon précédent billet, Manuel du Fétichisme pour le Gentleman. pour le rappel, j’étais tombé dessus pendant ma lecture de La Venus à la Fourrure, où Séverin, le personnage principal, ce réclame avidement de ce courant de pensé. Intrigué et m’identifiant à ce héros à la fois passionné et masochiste, je me suis hâté  de me renseigner sur les origines de ce courant philosophique.

Le Sensualisme (aussi appelé sensationnalisme) est un courant de pensée, conceptualisé dés la fin du 17ème siècle, où l’expérience sensible du monde est considérée comme étant à la base de toute les pensées humaines. Pour prendre un exemple concret, ce que vous pensez est lié à ce que vous mangez, voyez et vivez dans votre vie de tout les jours. Et j’ai instantanément fait le lien avec le Cinéma de Quentin Tarantino. Quand on regarde un film de Tarantino, on ressent les choses: les personnages mangent, discutent, écoutent de la musique, le tout mis en valeur par des gros plans et des scènes qui prennent leurs temps.

Mais ce sensualisme ne se retrouve pas uniquement du côté spectateur, il est également intrinsèque au processus créatif de Quentin Tarantino.  Le dialogue entre Samuel Lee Jackson et John Travolta au début de Pulp Fiction en est un bel exemple. Après la réussite de Reservoir Dogs, Tarantino a put s’offrir un voyage en Europe, et vient raconter son expérience à travers le personnage de Vincent Vegas, dans la première scène de Pulp Fiction. On peut également parler de son fétichisme des pieds, qu’on retrouve dans quasiment tous ses films. Vous remarquerez d’ailleurs que ce dialogue d’introduction se termine par un débats entre les deux personnages pour savoir si un massage des pieds peut-être considéré comme un acte sexuel ou non.

Les scènes que nous propose Tarantino sont quasiment tout le temps le fruit d’expériences sensibles, travaillées et digérées, et c’est là toute la puissance de son cinéma. On peut également pointer son travail de “citation cinématographique », mais ce point avait déjà été abordé par d’autres.